• Le beau film de Christian Carion, sorti en 2005 :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Joyeux_No%C3%ABl_(film)

    permet d'illustrer certains propos qui ont été tenus ici sur le christianisme, en particulier dans le message précédent.

    Car il ne fait aucun doute qu'une certaine atmosphère "religieuse" imprègne le film dans ce qu'il a de plus "enchanteur" : ces soldats allemands, écossais, français, qui ont "fraternisé" pendant le nuit de Noel 1914, au milieu du "no man's land" des premières tranchées, le font, en tout cas dans le film, "poussés" moins par les vapeurs du champagne que par les chants de Noel , soit cette  "musique sacrée" qui était encore, jusqu'à l'avènement du magnétophone et du disque "commercial", la culture musicale commune. Que l'on songe aux oeuvres de Bach, Haydn ou Mozart, indicutablement d'inspiration chrétienne.

    Et d'ailleurs, toujours dans le film, après les timides accolades de "fraternisation" et les "tournées de champagne" prises en commun, c'est bien une messe , célébrée par le prêtre anglican qui partage la vie de ces soldats, qui réunit tout le monde, à part certes deux ou trois réfractaires.

    L'action se passe en 1914, ce qui rend plausible cet épisode qui replacé dans les temps actuels ferait rire tout le monde. Il y a un siècle les populations d'Europe étaient encore massivement chrétiennes, sinon dans le "coeur", en tout cas extérieurement.

    Il serait peut être impossible de tourner, aujourd'hui en 2008, une telel scène, tellement les choses vont vite : des ligues islamiques ou "anti-racistes" ne risqueraient elles pas de s'insurger au nom de cette inacceptable "discrimination" conisistant à suggérer une intolérable "identité chrétienne de l'Europe" ? au nom bien sûr des "indigènes" musulmans venus d'Afrique, et qui ont largement versé leur sang pour la France.

    Mais peu importe ces futilités, car le film , tel du moins que je le comprends, est bien au delà d'une quelconque tentative de prosélytisme.

    Au fond, ce qui réunit pour quelques minutes, ces malheureux avant qu'ils ne recommencent à s'entretuer, ce n'est pas le Christ "chrétien" si je puis dire : c'est le "Christ" dont nous parlons ici, à savoir le Logos, le Verbe intime au coeur de tout homme, quelle que soit par ailleurs sa religion "sociologique" ou ethnique.

    Ce que nous reprochons, à la suite de Brunschvicg (voir article précédent) au christianisme, c'est son impuissance historiquement avérée à être véritablement chrétien !

    et telle semble bien être aussi l'avis du réalisateur de ce film, puisqu'à la suite de cette "nuit de fraternisation", les autorités, alertées par l'espinooage du courrier des soldats, envoient des plénipotentiaires, militaires ou "religieux", pour remettre de l'ordre dans ces consciences perturbées...pensez donc ! dès fois que la boucherie s'arrêterait prématurément !

    c'est ainsi que le "Supérieur" du prêtre écossais "coupable" d'avoir dit la messe cette nuit là vient prononcer une "homélie", à l'intention des troupes plus fraiches qui viennent "remplacer" les traitres, digne de G W Bush et du combat , ou plutôt de la Croisade, de la civilisation anglo-saxonne contre la barbarie teutonne (à cette époque là)...si je me souviens bien, il va jusqu'à dire que "les allemands ne sont pas des enfants du Seigneur comme nous".

    Trente ans plus tard, le général Eisenhower, commandant en chef de l'opération "Overlord" (toute une formule, un peu comme l'éphémère "Infinite justice"), reprendra les mêmes accents dans sa harangue aux paras américains le soir du 5 juin 1944, lorsqu'il les appelle à prendre part sans faiblir à "the great Crusade".

    Le christianisme de philosophes qu'est selon Brunschvicg le spinozisme , qui doit être émondé de tous ses aspects "démodés" ( le lourd appareillage euclidien de l'Ethique, notamment) pour devenir la "doctrine du Verbe" , l'idéalisme de la science, "l'activité intelelctuelle prenant conscience d'elle même" ou encore la "science des idées" qu'est la philosophie si elle est fidèle à elle même, ne saurait être identifié avec le christianisme historique, dont le "péché qui ne sera pas pardonné" est moins l'entreprise des premières croisades (justifiées par le fait que l'Islam interdisait en pratique le pèlerinage des chrétiens vers les Lieux Saints) que d'avoir ensanglanté l'Europe lors des multiples guerres de religions.

    Et je dirais même que l'émergence de l'Islam, au 7 ème siècle, signe l'échec chrétien : car si la religion universelle, rapprochant tous les hommes dans la compréhension intellectuelle du Verbe, avait été le christianisme, il n'y aurait eu aucune possibilité pour une religion "universelle concurrente" d'apparaitre.

    Au fond, ce tragique échec de 2000 ans d'histoire mène à la première guerre mondiale, et donc à Hitler et à la seconde. Puis à la création d'Israel, et à la guerre larvée qui éclate au grandjour médiatique le 11 septembre 2001.

     On ne peut bien sûr pas regretter la victoire des alliés sur les nazis le 6 juin 1944 (car si le débarquement n'avait pas réussi, rien n'aurait été gagné en Europe, ni d'ailleurs en Orient). Mais doit on pour autant donner un blanc seing à la puissiance qui a régi les 60 ans qui suivirent, les USA ? certainement pas, et il n'est pour en être persuadé que de prendre conscience que les attaques nucléaires contre hiroshima et Nagasaki, qui resteront pour l'éternité comme deux crimes contre l'humanité à jamais impunis, auraient pu être évités si Truman avait accepté de s'entendre avec Staline pour terminer la guerre avec le Japon.

    Bien sûr, il n'y a plus eu de guerre "chaude" en Occident depuis 1945. Mais la guerre ne continue t'elle pas par d'autres moyens, sur le terrain économique et financier, et ne devient elle pas peu à peu la guerre de tous contre tous qu'annonce l'Apocalypse ? car qu'est ce d'autre que les "conquêtes de nouveaux marchés pour nos produits au détriment de ceux des concurrents" ?

    tout ceci jusqu'à la crise mondiale actuelle, dont on ne discerne pas quelle sera l'issue.

    C'est tout ce destin funeste qu'entend éviter le "christianisme des philosophes", (que l'on peut d'ailleurs appeler tout aussi bien un "Islam des philosophes" , puisque dans la doctrine du Verbe aucun schisme sectaire n'est possible) : l'union indissoluble du rationalisme scientifique et du spiritualisme religieux.

    Et la messe du 24 décembre 1914 retracée dans le film de Carion doit selon nous être interprétée en ce sens. Car si le rationalisme scientifique ne reste pas uni pour le meilleur au spiritualisme religieux, il se mue, pour le pire, en le technicisme sans frein  des canons, des bombes thermonucléaires et....des chambres à gaz.


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